Chapelle Notre-Dame-du-Haut. Le Corbusier

. Mon voyage au village de «Ronchamp» était un moment de communion avec un lieu sacré, un lieu où respirent un calme et une sérénité presque religieuse. Le village se glisse dans la nature et la verdure grâce à ses vallées vertes qui l’entourent, sa morphologie linéaire donne l’impression d’une rivière qui coule le long des vallées.

Vue depuis la vallée sur Ronchamp

. Construite par Le Corbusier en 1953-1955, la chapelle « Notre Dame du Haut » au sommet d’une colline est un signal. De loin, on aperçoit une forme blanche qui se détache du ciel, qui domine et qui protège le village. Destinée au pèlerinage, la route menant vers la chapelle prépare notre rencontre par un cheminement sinueux coiffée d’une forêt massive.

« Ronchamp : contact avec un site, situation dans un lieu, éloquence du lieu, parole adressée au lieu » Le Corbusier

Arrivé au sommet de la colline, on accède à la chapelle par la porterie,  le monastère Sainte-Claire construit par l’architecte italien Renzo Piano, qui affiche un respect du lieu et de la chapelle en s’intégrant dans la colline. 

. Située sur de fortes parois abruptes, la colline est une forteresse naturelle pour la chapelle et semblent la protéger ; la toiture est en forme de coque de crabe laissée en béton brut de décoffrage, 2 membranes minces en béton séparées par des poutrelles ; la forme de la toiture est aussi adaptée pour récupérer l’eau de la pluie, Le Corbusier s’inspira des barrages pour imaginer ses gargouilles qui guideront les eaux vers les bassins de récupération.

 La façade semble jouer un rôle de protection, d’enveloppe et définit les espaces, la forme du plan est lié au mouvement, ses murs sans contreforts épousent les formes courbes qui accompagnent les visiteurs et invitent à la promenade, grâce à leur courbure, ils sont auto stables et suggèrent 2 types d’espaces convexes et concaves, construits entre une série de poteaux supportant la toiture, les murs se composent en maçonnerie de vieilles pierres de l’ancienne chapelle avec un enduit à la chaux blanc projeté par un canon en ciment, ce qui lui confèrent un caractère rugueux et massif.

La chapelle située au sommet de la colline

La garouille qui méne les eaux vers le bassin ©archi-wiki

 A l’intérieur, l’intervalle entre la toiture et ses murs soulignent une ligne de lumière et donne l’impression que la toiture flotte dans les airs. La chapelle se constitue essentiellement en 3 espaces principaux : la nef, les 3 chapelles et l’autel extérieur qui vient ajouter une dimension plus grande lors des grandes messes ; le sol de la chapelle descend avec le sol de la colline.
On remarque aussi que les baies semblables à des meurtrières (cf : le mzab) creusés dans les murs épais conservent la fraicheur à l’intérieur tout en diffusant ponctuellement la lumière ; un éclairage diurne s’infiltre à l’intérieur de la façade sud grâce à ses ouverture en glaces claires et parfois de verres en couleur à travers desquels on voit la scène extérieure se prolonger.
  
Les 3 chapelles sont marquées par leur hauteur et par une lumière naturelle spéciale ; munie d’une demi coupole, chacune prennent de la lumière sur des orientations différentes, ce qui leur confère leur propre singularité.
 

  A l’est ou se situe la nef , le mur est percé de points lumineux qui animent le mur sombre telle une constellation.
©musiqueaux4horizons

L’architecture de la Chapelle de Ronchamp affichent son aspect organique, de par sa construction locale que de son registre formel, Le Corbusier lors de ses voyages s’inspira de cette architecture de masse qui est creusé dans la roche lors de sa visite de la villa Adriana à Trivoli pour réaliser son chez d’œuvre.

La masse creusée de la villa Adriana